Ressources Humaines

Humour et management font-ils bon ménage ?

Que risque un manager à faire de l’humour avec ses collaborateurs ? Que peut-il y gagner ? Tout est dans l’intention, estime Serge Grudzinski, président d’Humour Consulting Group : là où le trait d’esprit « bienveillant » fédérera, une raillerie pourra exclure, blesser, voire détruire.
#Bien-être salarié #Inspiration #Accompagnement du changement
07 février 2017

Que risque un manager à faire de l’humour avec ses collaborateurs ? Que peut-il y gagner ? Tout est dans l’intention, estime Serge Grudzinski, président d’Humour Consulting Group : là où le trait d’esprit « bienveillant » fédérera, une raillerie pourra exclure, blesser, voire détruire. Ainsi, qui manie l’humour doit être avant tout conscient : des effets qu’il recherche, de la réceptivité de son auditoire, de la qualité de ses boutades. L’humour en entreprise, oui bien sûr, mais à bon escient…

« Se demander si humour et management font bon ménage, c’est un peu comme si on s’interrogeait sur la compatibilité de la parole avec le management », réagit Serge Grudzinski, pour qui l’humour est avant tout un langage. Ce diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Université de Stanford a été ingénieur dans l’industrie, puis consultant en management, en parallèle d’une carrière d’artiste comique, avant de fonder en 1993 Humour Consulting Group. Depuis, il utilise le rire pour motiver les entreprises à changer.

Ne pas « casser » l’autre

Pour Serge Grudzinski, il ne fait pas de doute que l’humour a sa place au travail. « Mais à certaines conditions, précise-t-il. L’humour doit être agréable, bienveillant. Dans ce cas il relie les personnes, resserre les rangs. A l’inverse, s’il est mal intentionné, il peut avoir des effets délétères. » L’humour peut en effet casser les cadres, les codes, les gens. Faire de l’humour aux dépens d’un employé peut être ainsi destructeur et répréhensible. « Plus le manager est doué d’empathie, mieux il saura pratiquer l’humour : il sera plus sensible à l’état psychologique de ses collaborateurs et plus conscient des effets de ses bons mots. »

En avoir… ou pas

Encore faut-il être drôle… et naturellement drôle, car le sens du comique ne s’acquiert pas. « C’est un talent inné, une aptitude à porter un regard décalé sur les choses de la vie. En ce sens l’humour est très lié au caractère de son auteur, qu’il vient révéler », explique le consultant. Il existe des formations, notamment aux Etats Unis, qui enseignent l’humour dans la communication d’entreprise, mais sur un mode assez standardisé. Les Français sont peu sensibles à cette forme d’humour. Notre société, plus individualiste, préfère la spontanéité, l’originalité. « Et puis, il faut du désir, souligne Serge Grudzinski : l’envie de faire rire ou sourire, de plaisanter. Sans ce désir, la boutade risque bien de tomber à plat. »

Un humour sans frontière

Dans ces limites, l’humour peut prendre toutes les formes. Certes, certains traits d’esprit ont un caractère culturel, de sorte qu’ils ne feront mouche qu’auprès de ceux qui partageront les mêmes références : par exemple un bon mot à propos d’une actualité ou d’une personnalité politique. En revanche, « il existe un humour qui parle à tout le monde, c’est celui qui touche aux sentiments humains. Là, pas de frontière », note l’expert, d’où le succès universel, par exemple, d’un certain Mr Bean, pourtant typiquement britannique !

On n’est pas là « que pour rigoler »

« Un dernier écueil tient au rapport de l’humour au pouvoir, ajoute Serge Grudzinski. Dans l’entreprise, on n’est pas là pour rigoler non plus. On a des objectifs à atteindre, qui exigent souvent le plus grand sérieux. » Si le manager peut s’autoriser à pratiquer l’humour pour instiller plaisir et motivation dans le travail de ses équipes, il ne voit pas toujours d’un bon œil le collaborateur qui s’aventure sur ce terrain. « Tant que ce dernier lance des boutades à ses collègues, pas de problème, précise le consultant. Par contre, s’il vise son n+1, celui-ci risque de ne pas apprécier qu’on lui vole la vedette trop souvent. Le chef peut y voir la menace d’une prise de pouvoir intellectuel par son collaborateur et craindre que celui-ci n’écorne le lien hiérarchique. »

Au-delà de l’humour : le grand rire

Il est des occasions de la vie d’une entreprise où plus que jamais l’humour peut jouer un rôle d’importance, en contribuant à dénouer les tensions. Dans ce cas, le manager peut faire appel à un tiers, un professionnel, tel que Serge Grudzinski qui a développé tout un savoir-faire en la matière. Son outil, c’est le grand rire. Il va bien au-delà de l’humour. L’expert y voit « un remède maximal, paroxystique, magique, pour rapprocher les gens, les soigner ». Il a pu constater tout au long de sa carrière les incroyables effets psychologiques sur le public d’un grand rire qui le secoue pendant une heure. « Les individus en sortent littéralement transformés, dit-il, et cela se voit sur leurs visages : ils sont radieux, soulagés d’avoir pu rire de ce qui les a fait tant souffrir. »

Ce rire n’arrive pas par hasard, il a été précédé d’un diagnostic très sérieux, explique le consultant. « Des entretiens sont organisés afin de déterminer les sources des conflits, des tensions ou des incompréhensions qui paralysent l’entité ». Fort de ces informations, Serge Grudzinski leur donne une forme propre à susciter un rire libérateur, qui transforme en profondeur. Et dont les effets sont mesurables. « Quelques semaines plus tard, des équipes se remettent à communiquer, de nouveaux projets voient le jour », dit-il. Et s’il arrive que Serge Grudzinski recroise l’un de ses spectateurs des années plus tard, souvent celui-ci s’en souvient encore, au point d’être capable de lui citer les phrases qui firent mouche…

Pour en savoir plus : http://www.humour-consulting.fr/