Avantages salariés

Le vêtement de travail se féminise

Pantalons trop larges, chemises informes ou encore chaussures de sécurité peu seyantes : le calvaire vestimentaire des femmes dans certains secteurs professionnels pourrait être bientôt terminé. De la combinaison de travail au tailleur d’hôtesse, les vêtements de travail se modernisent et s’adaptent mieux à leurs tailles et à leurs formes. Rencontres et exemples.
#Inspiration #Diversité #DRH
03 mars 2017

Pantalons trop larges, chemises informes ou encore chaussures de sécurité peu seyantes : le calvaire vestimentaire des femmes dans certains secteurs professionnels pourrait être bientôt terminé. De la combinaison de travail au tailleur d’hôtesse, les vêtements de travail se modernisent et s’adaptent mieux à leurs tailles et à leurs formes. Rencontres et exemples.

Un workwear féminin confortable et sécurisé dans le BTP

Révolu le temps où le bleu de travail était réservé aux hommes. Les femmes représentent aujourd’hui près de 11% des effectifs du secteur BTP. D’après la Fédération Française du Bâtiment, les femmes sont présentes dans les 32 métiers du bâtiment, et à tous les niveaux de responsabilité. Elles sont ouvrières, techniciennes, ingénieures, conductrices de travaux, chargées d’affaires, ou encore grutières, maçonnes, carreleuses, électriciennes, peintres…

Qui dit chantier, dit sécurité. Pour les EPI (équipements de protection individuelle), le workwear doit être à la hauteur. La qualité est primordiale : le cheap n’est pas le bienvenu sur les chantiers. Les entreprises veulent d’abord du confort et de la sécurité. Mais plus largement, le workwear est devenu une préoccupation à l’image de la tendance sportswear du vêtement confort au style sportif. On trouve des collections de vêtements de travail marketées, comme chez A. Lafont (marque du groupe Cepovett, l’un des leaders européen sur le marché du vêtement professionnel) avec sa collection Work Attitude.

« Nos clients cherchent des tenues qui les mettent en valeur et donc qui valorisent leur entreprise. Des tenues modernes, ergonomiques, lookées, confortables et, c’est primordial, sécuritaires », souligne Alexandra Avram, responsable marketing chez A.Lafont. Une mode paritaire : « Selon les études, les femmes qui travaillent dans le BTP ne cherchent pas à porter du rose (…) ! Celles qui s’équipent recherchent avant tout du confort, que le pantalon soit bien coupé, qu’il ne tombe pas lorsqu’elles se baissent par exemple », nous explique de son côté Maxime Deslandes, co-dirigeant de Protexyl, une jeune entreprise spécialisée dans le vêtement de travail à Nantes. Si dans le secteur du BTP, le vêtement professionnel féminin semble rencontrer le succès et satisfaire les exigences des femmes (chez les spécialistes, 4 paires de chaussures de sécurité sur 10 sont vendues à des femmes), qu’en est-il dans le secteur de l’accueil, où le port de l’uniforme constitue souvent la règle ?

A l'accueil, un uniforme féminin plus stylé et plus diversifié

« Nos hôtes et hôtesses d’accueil, nos animateurs et animatrices sont autant d’ambassadeurs de votre image » annonce Pénélope, agence d’hôtes et d’hôtesse d’accueil depuis 1971.

Aujourd’hui, plus de 8 millions de professionnels en France porteraient un vêtement de travail. Métiers de l’hôtellerie, de la restauration, métiers du bien-être, de l’esthétique, ou encore métiers de bouche, requièrent une tenue correcte et normée. Et dans ces secteurs, l’uniforme revêt désormais d’autres enjeux. Il incarne les valeurs de l’entreprise et devient son image visuelle. Personnification de l’entreprise, l’uniforme parvient à gommer une partie de la personnalité du collaborateur(trice) qui le porte pour laisser place à celle de la société. Un enjeu fondamental en terme de communication et de marketing qui a été saisi par des agences spécialisées dans le métier de l’accueil et qui accordent une attention toute particulière aux uniformes des femmes :

« () Il y a aujourd’hui une vraie féminisation des uniformes, nous travaillons à la création de pièces cintrées et harmonieuses qui fassent la différence » - Cécile Rost, Directeur du Développement Relations Humaines et de la Communication chez Pénélope.

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L’agence Pénélope habille plus de 4 000 hôtes(ses) d’accueil. Pour elle, la tenue est un message, mais la tendance est clairement à la diversification, notamment dans les couleurs et les coupes, qui s’affirment plus modernes et plus variées. Une évolution qui se fait notamment en concertation avec stylistes et fournisseurs. « Inspirée par la mode, j’exploite les tendances et les styles pour que l’uniforme sorte de l’anonymat », insiste, de son côté, Dorothée Allemand, directrice de Logoclub (crée en 1992 par le groupe Dutel).

Les hôtesses ont souvent davantage de choix : « Le client est décisionnaire de la tenue portée à son accueil, cependant, la majorité laisse leurs hôtesses choisir leur tenue entre deux modèles complets haut et bas par semestre », explique Pénélope. Un choix plus diversifié qui ne se révèle pourtant pas toujours adapté aux goûts de chacune et soulève encore de vives critiques côté utilisatrices.

« Vous avez le choix entre le moche et l’horrible : des talons noirs façon escarpins vernis, sans bride et à talon moyen, ou des escarpins beige clair à bouts pointus », témoigne une hôtesse d’accueil sur le site MademoiZelle, ne citant pas le fournisseur. « C’est le gros point négatif de ce boulot, enfin surtout dans ma boîte. Je m’attendais pas à de la haute couture, mais j’espérais quand même une tenue simple et élégante. Que nenni ! », témoigne une autre hôtesse.

En effet, l’uniforme demeure plus complexe qu’il n’y paraît. Comme le rappelle l’auteure Ginette Francequin dans son livre Le vêtement de travail, une deuxième peau, « Endossé, (le vêtement de travail) construit le statut, chacun y donne du sens selon qu’il est choisi ou imposé, selon son sexe, son appartenance culturelle, en fonction des époques et des circonstances. Le bleu, la salopette, les uniformes, la robe, le tablier, la blouse, le costume-cravate : au travail, l’habit fait-il le moine ? », s’interroge pour finir cette enseignante-chercheuse, maître de conférences en psychologie clinique et sociale.

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