Ressources Humaines

Réduire les accidents du travail : les nouvelles solutions

Après 70 ans de baisse régulière, le nombre d’accidents du travail est reparti à la hausse. Au-delà des pratiques classiques de prévention, il est peut-être temps de miser sur des solutions plus modernes, comme les serious games ou le numérique.
#Inspiration #DRH #Santé #Digitalisation
27 avril 2017

Après 70 ans de baisse régulière, le nombre d’accidents du travail est reparti à la hausse. Au-delà des pratiques classiques de prévention, il est peut-être temps de miser sur des solutions plus modernes, comme les serious games ou le numérique.

Selon un sondage Ifop publié en avril 2015, 59% des salariés auraient déjà été victimes d'un accident du travail. Sur l’année 2015 (derniers chiffres analysés), l’Assurance Maladie en a enregistré 624 525 parmi les salariés du régime général qui ont donné lieu à un arrêt de travail ; soit 250 par heure, et une hausse de 0,5% par rapport à 2014. Cette augmentation peut paraître minime, mais elle marque une rupture avec la tendance, qui était à la baisse.

Enjeu prioritaire pour les entreprises, la prévention des risques d’accidents du travail repose sur de grands classiques qui avaient jusqu’ici fait leurs preuves : affichage obligatoire d’un règlement et de consignes de sécurité, désignation d’un responsable sécurité, diffusion régulière de notices d’information et inspection des infrastructures.

Les serious games à la rescousse

Si aujourd’hui la courbe s’inverse, c’est que peut-être le profil des salariés a changé, et que les informations par voie d’affichage perdent en efficacité. Heureusement de nouveaux moyens de prévention émergent, davantage dans l’air du temps interactif et numérique.

Pourquoi ne pas, par exemple, inviter les salariés à participer à des animations ludiques, dans le cadre d’une journée annuelle de santé et de sécurité ? C’est ce que proposent des sociétés comme Genious Serious Game, Sens ludique, Movae ou Graphito Prévention. Leurs jeux, qui mettent en situation et s’adaptent au secteur d’activité de l’entreprise, sensibilisent aux risques professionnels et facilitent la mémorisation des messages importants. Ils peuvent aussi offrir un premier niveau d’apprentissage des bons gestes.

« L’objectif est de rompre avec les habitudes et autres routines de sensibilisation systématiques et répétitives », explique Bruno Flieller, fondateur de Sens Ludique. « Le jeu permet de booster la manière de transmettre les messages de prévention. C’est un outil optimal pour capter l’attention, mettre en scène des situations, impliquer le personnel, le responsabiliser et changer sa perception des risques au travail, en valorisant son rôle dans la prévention et le partage des règles de sécurité ».

Des applications de prévention sur smartphones ou tablettes

Certains secteurs d’activité peuvent aussi trouver sur le marché des applications spécifiques, pour mobile ou tablette. C’est le cas du transport : l’éditeur de logiciel Transpoco propose un module d’analyse des comportements des conducteurs qui permet ensuite un travail personnalisé et ciblé de prévention des accidents de la route, avec en sus, un souci de réduction de l’empreinte carbone.

Dans l’industrie chimique, il existe depuis janvier 2017 une application pour smartphone sur les valeurs limites d’exposition aux agents chimiques du personnel. Très complète, cette ressource embarquée a été élaborée par un groupe de travail du comité AISS Chimie (comité de l'Association internationale de la sécurité sociale pour la prévention des risques professionnels dans l'industrie chimique).

Développer ou faire développer sa propre application de prévention des accidents du travail, pour smartphone, tablette ou ordinateur, constitue une solution d’avenir. Les salariés auront accès aux informations – des vidéos, par exemple – où qu’ils soient, et pourront être automatiquement alertés de tout changement de procédure, ou de tout augmentation conjoncturelle du risque. Une application interactive, avec des quizz ou des jeux, aura encore plus d’impact. « Nos applications pour smartphones et tablettes sont déjà bien implantées au sein des équipes commerciales ou marketing de nos clients. Mais cibler les directions des ressources humaines est très nouveau pour nous », explique Manuel Ranchin, directeur des ventes chez Aquafadas. « Si nous nous lançons sur ce segment, c’est parce que nous sommes persuadés que pour la prévention des accidents du travail, encore trop nombreux et parfois dramatiques, ces applications sont vraiment pertinentes ».

Un meilleur contrôle des acquis, des procédures et des environnements

Développées en quelques semaines, ces applications permettent au personnel de l’entreprise, où qu’il se trouve – sur des chantiers ou dans des zones à risque, par exemple – d’accéder via un téléphone ou des terminaux légers à des fiches en pdf, des vidéos ou du son, qui se mettent automatiquement à jour. « Des jeux individuels interactifs (serious games) donnent encore plus d’impact aux messages et des quizz permettent de tester les acquis. La DRH peut savoir précisément quels documents ou outils sont les plus consultés et quels résultats sont obtenus aux quizz, de façon à mieux adapter ses messages si certains sont mal compris ». Elle peut même envoyer des « notifications push » qui seront visualisées par toutes les personnes concernées, en cas de risque particulier ou de nouvelles règles.

Autant d’exemples qui démontrent les avantages du numérique sur les outils classiques dans la prévention des accidents du travail. Mais l'on ira bientôt plus loin avec les objets connectés. La start-up du Loiret 3ZA Intech a déjà franchie cette étape avec sa technologie Risk-Monitoring. Pour prévenir les accidents du travail, cette solution contrôle l'environnement du salarié via des objets connectés et s’assure que les conditions de sécurité sont bien respectées. Une piste à suivre pour mieux protéger ses collaborateurs.