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Jeanne d’Arc, leadership au féminin

Les femmes managers peuvent-elles s’imposer face à leurs homologues masculins ? Jeanne d’Arc s’est démarquée par son charisme, sa persévérance, et sa capacité à motiver ses équipes… Des qualités qui lui ont permis de bouleverser la géopolitique de son temps, incarnant une nouvelle forme de leadership au féminin.
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10 octobre 2017

Les femmes managers peuvent-elles s’imposer face à leurs homologues masculins ? Jeanne d’Arc s’est démarquée par son charisme, sa persévérance, et sa capacité à motiver ses équipes… Des qualités qui lui ont permis de bouleverser la géopolitique de son temps, incarnant une nouvelle forme de leadership au féminin.

« Jeanne d’Arc fait partie de la poignée de figures historiques qui tiennent toujours le premier rôle, jamais le second, qui sont toujours une fin, jamais un moyen », disait à son propos l’historien Johan Huizinga. Et pourtant rien ne semblait destiner Jeanne d’Arc à rencontrer le roi, à mener des troupes à la bataille, à devenir célèbre, à être pleinement actrice de sa propre vie.

Faire preuve d’audace et de persévérance

La jeune Jeanne habite le village de Domrémy en Lorraine ; ses parents sont de simples paysans, honnêtes, pieux et laborieux. A 13 ans, elle est confrontée à la guerre. Les Anglais viennent d’envahir le duché de Bar et les habitants de Domrémy sont rançonnés. A ce moment, elle entend des voix, celles d’un archange, et reçoit des apparitions de deux saintes qui lui demandent de rendre le royaume de France à son roi. Elles lui indiquent la marche à suivre : aller à Vaucouleurs pour demander à un capitaine de fournir des troupes pour rencontrer le roi. Jeanne d’Arc s’y rend mais manifestement les voix n’avaient pas bien organisé le rendez-vous et le capitaine sur place éclate de rire devant la requête de l’envoyée divine.

Jeanne grandit, devient une grande et jolie fille, « haute et puissante », brune, à la voix douce et frêle. Au début de l’année 1429, elle persiste et se décide à retenter l’aventure. Surpris, ébranlé, le capitaine envoie une missive à la Cour de France, et le duc de Lorraine soutient cette audacieuse jeune fille de 17 ans.

Convaincre sa hiérarchie

Lorsque Jeanne arrive à la Cour de France, l’héritier au trône n’est pas très réceptif et décide de la mettre à l’épreuve : il se confond parmi d’autres seigneurs « plus pompeusement vêtus que lui ». Sans se faire leurrer, Jeanne se précipite immédiatement pour le saluer et demande qu’on lui confie une armée pour lever le siège d’Orléans. Elle ajoute un secret connu du seul roi. Foi ou pragmatisme, le futur Charles VII profite de cette situation pour disposer d’un leader capable de galvaniser des troupes en retraite, par son courage et son charisme.

Tirer ses collaborateurs vers le haut

En avril 1429, Jeanne rétablit la discipline, interdisant aux soldats jurons et blasphèmes, et chassant toutes les « folles femmes » qui suivaient l’armée. Elle sait se mettre en scène avec son cheval et son étendard blancs. Devant le siège d’Orléans, elle lance l’assaut et remporte une victoire quasi-miraculeuse. Les officiers français admirent ses capacités militaires et son sang-froid.

Jeanne insuffle une vision : ce ne sont pas les victoires militaires qui garantiront la dynastie mais un acte fort et symbolique, celui d’un roi sacré, reconnu par les seigneurs et acclamé par le peuple. Chose faite le 17 juillet 1429. En seulement 7 mois, sous la conduite de Jeanne, la situation est retournée. Mais sa mission n’est-elle pas alors finie ?

Rester fidèle à ses principes

Méfiants, les conseillers du roi préfèrent confier les futures missions militaires à des hommes… aguerris. Jeanne prend son indépendance et devient chef de guerre, disposant d’une troupe fidèle et dévouée. Capturée le 23 mai 1430, elle est finalement livrée aux Anglais contre une rançon de 10 000 francs.

L’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, se charge d’instruire un procès à charges pour hérésie. Le 21 février 1431, le premier interrogatoire public a lieu dans la chapelle royale du château de Rouen. Sans conseil et sans avocat, Jeanne tient tête à ces juges acharnés contre elle. La pression est permanente. Pourtant il lui reste une échappatoire. Pour sauver sa vie, il lui fallait abjurer et renoncer à ses convictions. Menacée d’être brûlée vive, Jeanne craque et abjure. Mais elle reprend pied et décide jusqu’au bout de ne pas renier tout ce qu’elle a réalisé et incarné. Elle est exécutée le 30 mai, sur la place du Vieux-Marché à Rouen.

D’autres Jeanne vont apparaître poursuivant l’œuvre ou engageant d’autres luttes. La Pucelle d’Orléans devient une icône, une égérie. En reprenant Rouen, Charles VII décide d’un nouveau procès pour réhabiliter la future sainte française.

Faites comme Jeanne d’Arc pour affirmer votre propre leadership

  • Il ne faut jamais renier ce que l’on est. Jeanne est avant tout une jeune femme. Lors du siège d’Orléans, un trait la touche entre l’épaule et la gorge. La blessure est sérieuse et voyant son sang couler, elle a peur et pleure. Mais elle se ressaisit, consciente de sa posture de leader.
  • Il y a dans sa vie, son histoire et sa légende une exemplarité. Avec Jeanne d’Arc, tout devient possible. Certes elle est une femme sacrifiée du fait d’une gouvernance, d’une armée et d’une religion contrôlées par des hommes. Mais après elle, des générations de petites filles vont jouer avec un bâton de bois à lancer un assaut comme leur héroïne, osant ainsi sortir de leur cadre, de leur genre.

Docteur en histoire, spécialiste du patrimoine et certifié Predom, Yann Harlaut est consultant culturel. Il est auteur de différents ouvrages parmi lesquels « Négocier comme Churchill. Comment garder le cap en situations difficiles » et « Convaincre comme Jean Jaurès. Comment devenir un orateur d’exception », tous deux aux éditions Eyrolles.