Avantages salariés

Un manager français au Canada

Jeune manager française, Aurélie a été envoyée en mission à Toronto, mais aussi à Montréal, au Canada. Bonne humeur et communication y sont deux éléments essentiels pour réussir son intégration. 
#Inspiration #Management #Diversité
19 juin 2018

Jeune manager française, Aurélie a été envoyée en mission à Toronto, mais aussi à Montréal, au Canada. Bonne humeur et communication y sont deux éléments essentiels pour réussir son intégration. 

On m’avait prévenue, les Canadiens sont polis et très courtois... je le confirme ! Mais je découvre aussi d'autres habitudes qui viennent enrichir mes connaissances en termes de management, et aussi... d'adaptation climatique : j'ai dû affronter un hiver glacial (jusqu'à -30°c) qui a duré environ cinq mois !

Journée type

Une journée type commence à 9h et termine à 17h. On s’habille de manière plutôt formelle, les hommes sont souvent en costume-cravate. La pause déjeuner dure en général une trentaine de minutes, jusqu'à une heure – on l’appelle aussi « pause-dîner ». Elle n’est pas payée, il n’y a pas de titres-restaurant, les restaurants d’entreprise sont rares et souvent chers. Il est donc courant d’apporter son propre déjeuner.

Contrairement à mes habitudes françaises, je ne fais pas de pause. Si j’ai besoin d’un café, je le bois à mon bureau. Il est très mal vu de ne pas travailler pendant les heures pour lesquelles vous êtes payé. Il y a une culture de l’optimisation de chaque minute.

Rester tard au bureau est un signe de désorganisation, mais on acceptera toutefois que cela soit parfois nécessaire. Les heures supplémentaires sont courantes pour les postes de direction.

Faciliter le travail d’équipe

Un peu comme aux Pays-Bas, ou en Allemagne, le rôle du manager est de développer les talents de son équipe pour faire émerger des synergies et lui permettre de produire le meilleur d’elle-même. L’équipe est une valeur fondamentale, chacun étant respecté et choisi pour ses compétences. Les discussions se font sur un mode d’échange respectueux et égalitaire. La forme est importante : ici, on s’emploie à s’exprimer respectueusement !

Je m’efforce de baser ma gestion sur l'accessibilité et la volonté de régler les problèmes de manière constructive, en limitant les interruptions de travail. Étant un supérieur hiérarchique, je me dois de montrer l’exemple, notamment en matière de ponctualité et de procédures. Le respect des délais est un facteur important dans la perception que les autres ont de mon travail.

Hiérarchie plutôt plate

Comme il règne une culture égalitaire, chacun exprime son avis… et les informations fusent de toutes part ! Il y a une relation de confiance entre l’entreprise et l’employé, dont la responsabilisation est importante. Elle permet à chacun de s’épanouir et de faire tomber les barrières hiérarchiques. La communication entre les niveaux est de ce fait relativement fluide.

Les évolutions au sein de l’entreprise peuvent se faire rapidement. Sachant cela, il n’est pas rare de voir des personnes accepter un emploi inférieur à ce à quoi elles pourraient prétendre, parce qu’elles savent que la situation changera vite, reconnaissant leurs compétences, valeur, et potentiel.

Yes-Yes

La communication est directe, on dit non sans problème, mais respectueusement et poliment. La ponctualité, l'esprit de coopération, la courtoisie, la capacité d'adaptation et l'efficacité sont les valeurs les plus importantes au travail.

Si en plus j’arrive à régler les problèmes et à communiquer clairement et avec honnêteté, je serai perçue comme un bon manager. Les rapports sont souvent moins formels et plus décontractés qu’en France. On se tutoie, on va à l’essentiel, tout en restant toujours cordial et poli. S’énerver, râler, est extrêmement mal perçu, et incompris. La confrontation est une chose qu’on cherche à éviter à tout prix – attention, pour les Français, à ne pas pester !

Si la courtoisie et la gentillesse sont vraiment agréables au quotidien, j’ai parfois la sensation que les relations sont superficielles. Une collaboratrice m'a fait remarquer que je n'avais pas pris de nouvelles d’un collègue en long congé maladie... que je ne connaissais pourtant que de vue ! Je fais donc attention à participer aux événements festifs, et je suis toujours plus ou moins en représentation.

Par ailleurs, j'ai noté que la délation était un élément de la culture d’entreprise. C’est une manière de garantir une norme de comportement. Ainsi, un membre de mon équipe, après avoir fait une blague sexiste, a dû ensuite s’excuser et suivre un cours d’éthique… il avait été dénoncé !

Lire aussi : Quand un collaborateur est en longue maladie

Réseau chéri

Les Canadiens sont organisés en réseaux d'expertise et de compétences, on m’a souvent dit « ce n'est pas ce que tu sais, mais plutôt qui tu connais qui t'aide à obtenir un emploi ». Comme il faut être reconnu par les bonnes personnes pour les compétences que l’on a, il faut chercher et entretenir les « bonnes » relations, par exemple pour changer de poste. Il n’en reste pas moins que les compétences sont importantes, ne serait-ce que parce que la réputation de celui qui vous choisit est en jeu.

Ici on parle d’argent très ouvertement : il y a peu de complexe à parler du montant de son salaire avec ses collègues – ce qui rend les négociations salariales plus équilibrées.

Une vraie égalité entre les sexes : je suis positivement surprise par le nombre de femmes à des postes élevés.

Ne connaissant pas l’état civil d’une femme, qui est considéré comme une information privée, on utilise le Ms ([miz]). En français, c’est Madame qu’on choisira, mais surtout pas en anglais : apparemment, cela désigne une gérante de maison close… !

On évitera de dire ou de sous-entendre que les Canadiens anglophones sont comme des Américains, ou de comparer les deux pays. Les Canadiens ont une identité propre dont ils sont fiers.

Pour aller plus loin : Cinq étapes pour transformer... Pratiques d'entreprises inspirantes, le voyage d'un DRH au Canada, Emmanuel Lavergne, WeMe, 2018

« Tribulations d’une manager française à l’étranger » est une série fiction relatant les expériences internationales d’Aurélie. Cette jeune manager d’une trentaine d’années dirigeait aujourd’hui des équipes à Toronto et à Montréal, au Canada .


Retrouvez les autres aventures d’Aurélie à l’étranger :