Avantages salariés

Un manager français en Italie

Entre mise à l'épreuve de certaines idées reçues et approfondissement de traits locaux, Aurélie, jeune manager française, nous livre son expérience italienne. Avec une certaine lenteur, mais aussi un sens profond du contact et du beau.
#QVT entreprise #Gestion frais professionnels
26 septembre 2018

Entre mise à l'épreuve de certaines idées reçues et approfondissement de traits locaux, Aurélie, jeune manager française, nous livre son expérience italienne. Avec une certaine lenteur, mais aussi un sens profond du contact et du beau.

Mon bureau de Milan m’a vite permis de comprendre que les Italiens ne constituent pas un peuple uniforme, loin s’en faut. Au-delà de la classique scission nord-sud, je découvre que chaque région s’inscrit fortement dans chaque individu - et que l'usage de dialectes reste assez largement répandu.

Le sens de la famille

J’ai été surprise de l'étendue des relations familiales entre un grand nombre des employés de mon entreprise. Réseauter s'impose ; on comprend vite la nécessité de connaître les bonnes personnes, celles qui faciliteront les démarches et allègeront la bureaucratie - en la matière rien ne vaut la famille ! J’ai aussi remarqué que les règles sont souvent interprétées comme un cadre, donné à titre indicatif, plus que comme des consignes strictes. De fait, mes équipes apprécient que je leur témoigne de la confiance en leur donnant une certaine liberté - lorsque c’est possible.

Le rythme des fêtes religieuses

L’Eglise catholique est très présente dans les traditions quotidiennes, même si cela tend à s’estomper. Les jours fériés religieux sont réellement célébrés, ne se limitant pas à des jours de congé. Nous disposons de 31 jours de congé par an, dont 11 jours fériés – majoritairement des fêtes religieuses. A cela s’ajoutent les fêtes locales (Saint Pierre et Saint Paul à Rome, par exemple). Faire le pont est une pratique courante, et l'activité au mois d'août est beaucoup plus ralentie qu'en France.

Prendre le temps d'évaluer les risques

Les Italiens n’aiment pas la prise de risque ; c’est ainsi qu’ils expliquent ce qui peut passer pour de la lenteur dans la prise de décision. Pour limiter le danger, ils veulent l’évaluer en détails - études, chiffres, statistiques. Je m’adapte en prévoyant de longues périodes d’étude avant un projet, et en mettant en place des outils d’analyse carrés, qui apportent des éléments concrets et rassurants.

J’ai quelquefois la sensation qu’on attend l’urgence pour s’attaquer à un problème, et parfois, j’enrage… Heureusement que mes équipes s’avèrent très efficaces dans l’urgence, réactives et pragmatiques.

L’art de la conversation

J’ai rapidement compris que les échanges en face à face, même très brefs, sont toujours plus constructifs, car mieux perçus, que les sms, chats, e-mails ou même les coups de fil. Même pour un échange court, je me déplace donc auprès de mes collaborateurs - la culture de la parole règne toujours sur la Péninsule.

Mais il n’est pas rare que les conversations s’enflamment. Ce n’est pas un mythe, les Italiens sont des latins ! Cela me mettait un peu mal à l’aise au début, et puis j’ai compris que cela fait partie du processus. Je laisse de la place à ces débats, et ce temps consenti renforce les relations : on appelle cela le conflit constructif ! Dans l’ensemble, les échanges en face à face sont francs et honnêtes : c’est là qu’on soulève les problèmes. Pour autant, on s’arrangera à ne faire perdre la face à personne en public.

Lire aussi : La friction créative ou l’art de se disputer

Bella figura

Au quotidien on ressent la passion des Italiens pour la beauté. Il est important d’exprimer sa propre manière d’être une « bella figura » : cela concerne le soin apporté à l’apparence extérieure, mais aussi le caractère, le charisme, le tact, la confiance en soi. D’un point de vue vestimentaire, on investit dans des pièces de qualité, sobres mais design, et on porte un soin attentif aux détails, surtout les femmes : vernis à ongles, bijoux, chaussures, sac à main, tout compte.

Pas touche à ma pause-déjeuner !

La journée type commence en Italie à 8h30 et se termine à 17h30, avec une pause déjeuner que l’on prend souvent entre collègues à la cantine (36%), le repas étant payé par l’entreprise, ou dans les restaurants de quartier (44%).En 2009 un ministre avait provoqué un tollé en proposant la suppression de la pause déjeuner, invoquant « un rite qui bloque tout le pays ». La levée de bouclier avait étouffé le projet dans l’œuf, et on continue bien, aujourd’hui, à fréquenter les tavernes à partir de 13h et volontiers jusqu’à… 15h.

Quelques conseils :

  • Je m’implique dans les relations personnelles et n’hésite pas à aller dans le domaine de l’émotion.
  • Je m’applique à faire preuve de patience et de bonne humeur, notamment lorsque les choses vont trop lentement à mon goût.
  • Je privilégie l’oral, sachant que l’écrit viendra sceller les accords en bout de course.
  • Les italiens ont le droit de se syndiquer, même s’il n’y a pas de syndicat au sein de l’organisation qui les emploie. Pour le contrat d’embauche d’une nouvelle recrue, j’ai dû négocier salaire et conditions avec son syndicat !

A regarder : La pause déjeuner à travers le monde et en images

« Tribulations d’une manager française à l’étranger » est une série fiction relatant les expériences internationales d’Aurélie. Cette jeune manager d’une trentaine d’années dirigeait aujourd’hui des équipes à Bucarest, en Roumanie. Retrouvez les autres aventures d’Aurélie à l’étranger :