RSE

Quand une entreprise parraine un projet humaniste

#Démarche RSE #Diversité #Fidélisation #Inspiration
05 septembre 2019

Le monde du travail a changé et la fidélité à l'entreprise n’est plus qu’une question de salaire ou d’emploi. Les collaborateurs sont en quête de sens, et cette demande dépasse la dimension professionnelle. Rencontre avec une entreprise et une ONG qui ont lié une relation constructive.

Le soutien aux associations de développement constitue une voie de premier ordre pour fédérer les collaborateurs autour d'une aventure humaine et solidaire. Nous avons rencontré Tina Kieffer, la journaliste qui a fondé l’association « Toutes à l’école », et François Papon, président de Carrenet, une société qui propose des solutions numériques de gestion de la clientèle, et qui a choisi de participer à cette belle aventure.

A 12 km de Phnom Penh, la capitale du Cambodge, Toutes à l'école a créé Happy Chandara. Ce campus accueille 1 500 filles et emploie 300 personnes ; il comprend une école primaire, un collège, un lycée, un internat, un centre de formation professionnelle et un centre médico-social. En septembre 2018, un foyer a ouvert dans Phnom Penh afin d’accueillir les élèves qui poursuivent leurs études supérieures. Une école de permaculture enseigne aux habitants alentour des pratiques agricoles saines, dans une région où l'usage des pesticides est un fléau.

Qu’est-ce qui vous a conduit à créer Toutes à l'école ?

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Tina Kieffer : Quand j'étais directrice de la rédaction de Marie Claire, je constatais chaque semaine la terrible condition des femmes dans de nombreux pays, au travers des sujets sur les violences domestiques ou les crimes d’honneur que me proposaient les photoreporters. L’ignorance et l’obscurantisme expliquent en grande partie cette situation. Plus de la moitié des enfants non scolarisés dans le monde sont des filles. D’où ma volonté de développer leur instruction pour changer les mentalités.

Pourquoi le Cambodge ?

TK : 90% des intellectuels cambodgiens ont disparu lors du génocide par les Khmers rouges. Le pays, dont la moitié de la population a moins de 18 ans, se reconstruit lentement, mais la pauvreté est telle que certains parents n’ont pas d’autre choix que de faire travailler leurs enfants. C’est pourquoi l’école d’Happy Chandara propose une prise en charge globale : éducation, alimentation, suivi médical, mais aussi familial. Nous avons commencé en 2006 avec une centaine d’élèves. La première génération vient de passer le baccalauréat avec 100 % de réussite !

Comment êtes-vous financés ?

TK : 40 % de notre budget provient des particuliers. Les entreprises peuvent parrainer une classe. Et nous lançons en septembre un système d’arrondi solidaire en caisse avec des grandes enseignes.

Le parrainage de classe constitue un accompagnement pérenne. C’est une expérience forte qui permet aux entreprises et à leurs collaborateurs de partager un joli combat.

François Papon, qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’association ? Pourquoi parrainer une classe ?

François Papon : J’ai découvert Toutes à l’école par hasard à l’occasion d’un événement organisé par la commune de Ville 

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d’Avray. L’expérience m’a beaucoup touché. Elle correspond à ma façon de gérer l’entreprise, notamment la pérennité de l'engagement et la notion d’accompagnement dans la durée. Un peu comme ce que nous faisons avec nos clients ! La dimension féminine de l’association m’a également intéressé, car j’essaye de toujours avoir un équilibre homme/femme dans le management. Bref, le projet avait beaucoup de sens et pouvait être partagé par tous.

L’équipe de Toutes à l’école a été très réactive. Tina est venue témoigner en juin dans l’entreprise. Et nous étions tous ravis que l’association accepte notre parrainage.

TK : Nous avons beaucoup d'échanges avec les dirigeants et eux-mêmes nous donnent des idées. Je suis journaliste, gérer une PME n’est pas mon travail, alors côtoyer des chefs d’entreprise d'aujourd'hui représente une aide précieuse.

Comment les collaborateurs sont-ils associés au programme ?

FP : Nous sommes 33 chez Carrénet, le même nombre que les élèves de la classe que nous accompagnons ! Tout le monde a très bien accueilli l’idée. Une collaboratrice va suivre plus particulièrement le parrainage, et partagera les nouvelles de la classe avec ses collègues. Je suis sûr que beaucoup d'entre eux vont vouloir se rendre sur place - à commencer par moi ! On est ici vraiment dans du concret.

TK : Nous incitons nos partenaires à venir sur place, ce que beaucoup font. Nous transmettons chaque trimestre les résultats scolaires, et chaque année nous envoyons une petite vidéo de la classe.

Tina Kieffer, de quoi êtes-vous la plus fière ?

TK : J’avais peur du décrochage. Il n’y en a quasiment pas eu. Je n’aurais jamais imaginé voir ces jeunes filles nées dans des bidonvilles entrer à l’université en parlant trois langues. Elles font preuve d’une détermination et d’une volonté impressionnantes. En fait, elles m’épatent !

 

Avec la rentrée, l’aventure commence pour Carrenet. Une aventure porteuse de sens pour François Papon et ses collaborateurs, un projet partagé et utile.