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Les ressorts de la motivation avec Edgar Grospiron

« La motivation est une ressource universelle, exponentielle et illimitée »
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05 octobre 2016

« La motivation est une ressource universelle, exponentielle et illimitée »

Champion olympique en 1992 de ski de bosses à Albertville, Edgar Grospiron s’est reconverti comme conférencier pour les entreprises. Il partage sa vision de la performance, individuelle et collective, et explore les ressorts de la motivation. Et le spécialiste du ski acrobatique n’hésite pas à dresser des parallèles entre le monde du sport et celui de l’entreprise.

M.A.: Dans l’ensemble de votre parcours, on devine l’importance de la motivation et le goût de la performance. C’est le thème central de vos conférences aujourd’hui ?

Edgar Grospiron : Oui, j’en réalise environ 80 par an sur ces sujets. J’essaie d’expliquer pourquoi j’ai pu être là le jour J, malgré la pression énorme et avec le sourire. Mais le sport n’est qu’un prétexte. Les entreprises qui me sollicitent veulent que je modélise cette expérience.

« Insuffler la motivation dans tous les services »

M.A.: Quel public assiste à des conférences sur la motivation ? Des commerciaux ?

Edgar Grospiron : Pas seulement. La motivation, il faut pouvoir l’insuffler dans tous les services, y compris à des ingénieurs de R&D qui ne comprennent pas toujours l’arrêt de certains projets ou au contraire l’urgence d'en terminer d’autres. Aujourd’hui, le mot en vogue est engagement mais de quoi parle-t-on si ce n’est de motivation ? C’est au manager de donner du sens, d’éclairer le chemin. Car tout le monde déteste l’inconnu et l’incohérence.

J’insiste aussi sur la différence entre la performance et l’exploit. La performance est durable, elle s’obtient par l’entraînement en sport – et en entreprise par la formation, le séquencement des actions et l’accompagnement des collaborateurs. L’exploit, on ne peut pas l’exiger, et il est épuisant, pour le corps comme pour l’esprit. En témoigne le nombre de burn-out aujourd’hui : les gens vont au bout d’eux-mêmes, trop longtemps et trop souvent.

M.A.: Vous parlez même de rituels à retrouver, voire à trouver dans certaines fonctions ?

Edgar Grospiron : Dans le sport, il y a des programmes d’entrainement pour parvenir à être performant, c'est-à-dire donner le maximum de ses capacités, le jour voulu. Dans l’entreprise, ce devrait être pareil, avec des temps pour concevoir, pour produire, pour vendre, qui s’enchaînent. Aujourd’hui, malheureusement, le plus souvent, on est à flux tendu partout, dans l’urgence.

Paradoxalement, c’est peut-être dans la fonction commerciale que le rituel existe le mieux, avec une phase de définition des objectifs, puis une autre où on les décline aux individus et aux équipes, et des systèmes de mesure des progrès accomplis. Mais dans la plupart des autres domaines de l’entreprise, on en est loin.

M.A.: La motivation des collaborateurs et donc la performance des équipes seraient à ce prix ?

« Un manager a l’équipe qu’il mérite »

Edgar Grospiron : Entre autres. Tout le monde est d’accord lorsque, dans mes conférences, je dis qu’un manager a l’équipe qu’il mérite. C’est d’ailleurs la même chose dans le sport. Pour le reste, les ressorts de la motivation sont tellement variés... Il y a la motivation par le plaisir, par la survie, par la pression, par la crainte. Le sujet est bien couvert.

Mais il faut ajouter que chacun doit faire sa part de chemin, et ne pas attendre d’être motivé par les autres. Développer l’estime de son travail, garder un regard positif sur le chemin accompli, c’est une démarche personnelle. La bonne nouvelle, c’est que la motivation est une ressource universelle, que tout le monde peut développer, exponentielle et illimitée !

Manager Attitude : Vous faites partie des quelques champions olympiques qui se sont bien adaptés à la demande médiatique après leur carrière sportive. Puis, qui ont su répondre aux besoins des entreprises. Comment expliquez vous ces reconversions successives plutôt réussies ?

« On ne peut pas rentrer dans un métier sans accepter toutes ses facettes »

Edgar Grospiron : Tout jeune, au moment de mon titre, j’avais déjà intégré et accepté que la vie sportive et la vie médiatique allaient de pair. Et que les sollicitations des télés comme celles des sponsors faisaient partie de mon travail. On ne peut pas rentrer dans un métier – ici sportif professionnel – sans accepter toutes ses facettes. De même que dans le monde de l’entreprise, on ne peut pas donner un poste de manager à un ancien technicien en acceptant qu’il néglige certains aspects de sa nouvelle fonction. J’ai eu la chance d’avoir un ton qui plaisait, sans avoir eu recours au media training et à ses messages formatés.

M.A.: Etre consultant sport sur Canal Plus pendant les JO d’Atlanta et de Nagano est une chose. Mais comment s’est effectuée la transition avec le monde de l’entreprise ?

Edgar Grospiron : En parallèle de la télévision, j’avais de nombreuses sollicitations autour du ski, pour des opérations de marketing ou des contributions techniques. J’ai aussi lancé en 99 un site web communautaire, dédié aux sports alternatifs, ce qui m’a permis pendant plusieurs années de me frotter à la réalité de l’entreprenariat.

« Je voulais me reconvertir, pas seulement me recycler »

J’avais beaucoup à apprendre ! Plutôt que de m’éparpiller, j’ai pris le temps de réfléchir à ce qui me motivait, ce sur quoi j’étais prêt à m’investir, tout en restant proche du monde du sport. Je voulais me reconvertir, pas seulement me recycler, voyez-vous.

Certains de mes sponsors m’avaient déjà demandé de tenir des conférences pour leurs collaborateurs, où je leur parlais de ma carrière sportive. Et un jour, en écoutant un consultant en management et en motivation des ressources humaines, j’ai compris qu’il développait une théorie qui collait parfaitement à ce que j’avais connu en temps que sportif, sur le terrain. Je suis allé le voir et lui ai demandé de m’aider à apprendre le métier !

Le site d'Edgar Grospiron : http://www.grospiron.net/#section-1
Photo Clément Bucco-Lechat - Travail personnel, CC BY-SA 3.0

Photo principale Vincent Amalvy/ AFP